9000 personnes âgées décèdent en moyenne chaque année suite à une chute accidentelle. La chute est un évènement fréquent. 1 personne sur 3 de plus de 65 ans chute au moins une fois par an. Il est donc important de tout faire pour mettre en place un protocole de prévention des chutes et d’en réduire les effets néfastes sur la mobilité et la santé.
Le syndrome post-chute : un cercle vicieux
Une chute se définit comme une perte brutale et accidentelle de l’équilibre postural faisant tomber la personne sur une surface plus basse que celle où elle se trouvait, généralement sur le sol.
Le syndrome post-chute se caractérise ensuite par une désadaptation psychomotrice qui se traduit par une baisse de l’activité physique, des troubles posturaux et/ou de la marche… Ce qui augmente le risque de nouvelle chute. Il est donc primordial de dépister et d’empêcher la première chute et ses conséquences.
La chute est une cause majeure d’entrée en institution ou de perte d’autonomie définitive chez le senior avec nécessité d’un maintien à domicile bien encadré.
Conséquences d’une chute
Une chute est considérée comme grave si elle a occasionné une fracture, une plaie avec points de suture, un traumatisme crânien avec perte de connaissance ou une hospitalisation.
Lorsque la chute est responsable d’une fracture, il s’agit généralement d’une fracture de l’extrémité supérieure du fémur, indirectement responsable d’une mortalité élevée dans les mois suivants.
Après une chute le risque de tomber à nouveau dans la même année est multiplié par 20. La prévention des chutes doit donc commencer le plus tôt possible pour ne pas entrer dans un cercler vicieux.
Comment détecter un risque de chute chez un ainé ?
Les professionnels de santé (médecin, kiné, thérapeutes…) disposent d’un protocole établi par la Haute Autorité de Santé (HAS) afin de détecter les personnes à risque. Ce test de repérage se décompose en une série d’observations et de questions à adresser à la personne âgée dès 55 ans.
Le patient doit notamment être capable de se lever d’un siège normal puis de faire environ 3 Mètres, tourner, et revenir s’asseoir sans l’aide d’une autre personne et sans canne.
Le patient doit également être en capacité de tenir en équilibre sur une jambe (test unipodal) pendant au moins 5 secondes.
Enfin, un test de sollicitation verbale peut être pratiqué en guise de prévention des chutes du senior. En effet, les personnes âgées fragiles s’arrêtent de marcher quand elles sont sollicitées pour réfléchir et répondre à une question précise.
Pourquoi les personnes âgées chutent-elles plus que les autres ?
La chute est la conséquence du vieillissement biologique qui peut altérer la posture et l’équilibre d’une personne en amenuisant certaines aptitudes, notamment sensorielle, musculaire, posturale et cognitive.
Une chute est un évènement multifactoriel. Autrement dit, c’est le résultat d’une combinaison de facteurs :
- manque d’activité physique
- alimentation déséquilibrée
- lien social altéré
- médicaments
- baisse de la vue et de l’audition
- problème rhumatismal
- sous-optimisation de l’espace au domicile
- prises de risque inutiles : escabeau, charge lourde…
- équipement vestimentaire inadapté : type de chaussures…
L’exercice physique pour la prévention des chutes
Plusieurs essais contrôlés ont montré que des programmes d’exercices physiques axés sur l’entraînement de l’équilibre et le renforcement musculaire peuvent réduire significativement le taux de chutes chez les personnes âgées qui vivent à leur domicile.
L’essai contrôlé français » Ossébo » montre que l’exercice physique peut de surcroit réduire les chutes traumatiques entraînant des soins, qui sont les plus préoccupantes d’un point de vue clinique.
En effet, l’activité physique favorise le développement musculaire, permet de conserver sa souplesse et améliore les fonctions cardiaques et respiratoires. Aussi est-il important de marcher au moins 30 minutes par jour ce qui est un socle de départ indispensable.
Marcher, monter ou descendre les escaliers, se baisser sont autant de gestes qui demandent force et équilibre et qui empêchent une sédentarisation trop forte.
Quelques bons réflexes sont par exemple de commencer la journée par des assouplissements dès le réveil ou un peu de yoga, se déplacer autant que possible à pied, prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur, faire du rameur si vous le pouvez…
En savoir plus sur le site Pour bien vieillir
Comment optimiser son lieu de vie pour réduire le risque de chute au domicile ?
Les pièges sont nombreux à son propre domicile. La vigilance est de mise mais est difficile à appliquer car, par la force des habitudes, on ne prête plus attention à ce qui est en place depuis des années. Il peut être utile de faire procéder à un contrôle par un intervenant extérieur qui saura détecter les facteurs de risque. L’optimisation du lieu de vie est un facteur majeur de prévention des chutes pour les personnes âgées.
Pour éviter de tomber, commencez par libérer les lieux de passage.
Aucun meuble, ni objet ne doit se trouver dans un rayon de 1m50 autour de vos lieux de passage habituels. Enlevez les meubles inutiles, fixez au mur les câbles électriques.
Signalez le nez des marches d’escalier d’une bande de couleur claire et antidérapante.
Si vous avez un jardin, gardez les allées bien déblayées, sans tuyaux d’arrosage ni pots de fleurs dans le passage.
Attention aux sols glissants et aux tapis. Si vous avez du parquet, mettez des chaussons antidérapants. Enlevez complètement les tapis, descente de lit, tapis de salle de bain…
Débarrassez-vous des échelles et escabeaux. Tous les objets doivent être à portée de main.
Demandez l’aide d’un proche pour attraper un objet plus haut ou plus lourd. Comme tout un chacun, il sera ravi de vous aider.
Faites installer des rampes ou des barres d’appui partout ou cela est nécessaire : cage d’escalier, descente de lit, salle de bain, toilettes…
Soyez vigilant pour la salle de bain
La salle de bain est un lieu à améliorer de grande importance dans votre stratégie de prévention des chutes. Assurez-vous que le fond de votre bac de douche possède un revêtement antidérapant. Pour vous doucher assis, employez de préférence un siège fixé au mur, moins glissant qu’une chaise en plastique. Ne lésinez pas sur les poignées, vous pouvez en mettre 2 dans la douche (en positon haute et basse), une autre en sortie de douche.
Adoptez de nouvelles habitudes pour ne pas tomber
Il s’agit de prendre des précautions supplémentaires pour limiter le risque potentiel. Si vous n’êtes pas sûr(e) de votre équilibre, munissez-vous d’un déambulateur même à l’intérieur. Si vous devez monter des marches, ayez deux déambulateurs : un en haut et un autre en bas.
Levez-vous lentement de votre lit ou de votre chaise, afin d’éviter les étourdissements et vertiges en particulier si votre tension est basse.
Faites-vous aider pour les tâches ménagères les plus susceptibles de provoquer une chute, notamment faire les lits, passer le torchon mouillé ou l’aspirateur, nettoyez les carreaux de fenêtres…
Utilisez des solutions de détection automatiques des chutes
Si malgré toutes ces précautions, une chute survient, vous pouvez en réduire les conséquences en vous équipant d’un dispositif de détection des chutes qui permettra à des professionnels ou à des proches d’intervenir plus rapidement.
Les solutions les moins chères sont des capteurs accélérométriques à porter dans un bracelet ou dans un médaillon. Ils détectent le choc au sol puis une période d’inactivité, signe d’un étourdissement où d’une blessure. Ce type d’équipement est proposé dans le cadre de prestation de téléassistance moyennant un forfait mensuel. En cas de chute, un appel est passé vers un standard pour signaler le problème.
Apple propose dans sa montre connectée Apple Watch (comptez 290 euros pour le modèle d’entrée de gamme) un système de détection de chute automatique qui appelle automatiquement un numéro préféré en cas de chute. C’est une alternative plus chère à l’achat mais qui ne nécessite aucun abonnement mensuel.
Une autre solution est la « téléassistance active » qui consiste à placer des capteurs de présence dans la maison et à enregistrer les habitudes de vie de la personne âgée. Elle ne détecte pas les chutes mais les situations anormales par rapport à une plage horaire. Par exemple si la présence dans la cuisine dépasse une heure, une alerte est déclenchée.
Enfin, des systèmes innovants de détecteurs de chute par caméra utilisent des algorithmes pour analyser les images. Lorsqu’une chute potentielle est signalée par le système, un humain contrôle alors la vidéo.
—– Sources ——
Better Health Channel. Falls prevention for older people. Site internet : Better Health Channel. Melbourne (Australie) ; 2016
Institut de gérontologie sociale. Restez debout jusqu’au bout. Site internet : Igs. Marseille (France) ; 2016
Haute Autorité de santé (HAS). Évaluation et prise en charge des personnes âgées faisant des chutes répétées. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2009
Lire aussi le très complet MOOC destinés aux professionnels de santé sur la prévention des chutes pour les seniors à consulter en ligne