La dénutrition des personnes âgées est un phénomène de société très largement répandu. Selon les chiffres du Collectif de lutte contre la dénutrition, 2 millions de personnes souffrent de dénutrition en France dont 270 000 en EHPAD et 400 000 personnes âgées à domicile. 4 à 10 % des personnes âgées de plus de 70 ans à domicile sont concernées.
Les conséquence humaines et sociales sont graves. 40 % des personnes âgées sont hospitalisées pour des conséquences de dénutrition. 15% des personnes âgées vivant à domicile en milieu urbain sont à risque. Pour le Programme National Nutrition Santé, la lutte contre la dénutrition est une des priorités de santé publique pour les années à venir.
Qu’est ce que la dénutrition ?
La Haute Autorité de la Santé (HAS) en donne la définition suivante :
« Déséquilibre entre les apports et les besoins de l’organisme. Ce déséquilibre entraîne des pertes tissulaires, notamment musculaires, qui ont des conséquences fonctionnelles délétères »
Autrement dit, la dénutrition se caractérise par un apport insuffisant de nutriments nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. Les apports en protéines, en vitamines, en minéraux ou en glucides sont trop faibles pour maintenir l’organisme en bonne santé.
Comment savoir si une personne est en situation de dénutrition ?
Les principaux symptômes de la dénutrition sont biens définis par la HAS :
- une perte de poids d’environ 5 % en un mois
- un manque fréquent d’appétit
- ou un IMC inférieur à 21.
Il existe un test permettant d’évaluer l’état nutritionnel d’une personne. Il s’agit du Mini Nutritional Assessment (MNA). Ce test disponible en téléchargement auprès du grand public permet d’évaluer la perte de poids et de révéler une dénutrition modérée ou sévère. C’est un moyen simple et rapide de distinguer les patients non dénutris, ceux à risque nutritionnels et les patients dénutris.
Pour effectuer une diagnostique complet il est nécessaire de rapprocher d’un professionnel de santé qui pourra confirmer ses signes avant-coureurs.
Le diagnostique de la dénutrition chez une personne âgée
Ce diagnostique se fait en 3 étapes :
1ère étape : calcul de l’Indice de Masse Corporelle
Il y a dénutrition modérée lorsque l’IMC < 21 kg/m².
Il y a dénutrition sévère lorsque l’IMC < 18 kg/m².
Attention : une personne en surpoids ou obèse peut être victime de dénutrition. La dénutrition s’analyse donc en terme de différentiel de poids dans le temps, ce n’est pas un état statique.. ce qui le rend difficile à identifier dès le début.
2ème étape : estimation de la perte pondérale
Le poids de référence est le poids mesuré en situation normale et en bonne santé.
La perte pondérale se calcule par la différence entre le poids actuel et le poids de référence.
On parle de dénutrition modérée lorsque la perte de poids est de 5 % en 1 mois ou de 10 % en 6 mois.
On parle de dénutrition sévère lorsque la perte de poids est de 10% en 1 mois ou de 15% en 6 mois.
3ème étape : mesure de l’Index de Risque Nutritionnel (IRN) ou indice de Buzby
Cet index se calcule en prenant en compte le pourcentage de perte de poids et le taux d’albumine.
L’albumine est la protéine la plus abondante (60%) dans le sang. C’est la principale protéine de transport dans le sang.
Pour un IRN > 97.5, il n’y a aps de dénutrition
Si l’IRN est compris entre 83.5 et 97.5, il y a dénutrition modérée.
Si l’IRN est inférieur à 83.5, il y a dénutrition modérée.
Ces données chiffrées sont à pondérer par un questionnaire du patient quant à son mode de vie : état de santé global, pratique d’une activité physique régulière, situation émotionnelle…
Quels facteurs peuvent être la cause d’une dénutrition chez une personne âgée ?
L’entourage de la personne âgée doit être à l’écoute et aux aguets. Certains comportements sont caractéristiques comme le rappelle le Portail National d’Information pour les Personnes Âgées :
- la perte d’appétit
- le repli sur soi
- la fatigue chronique
- la perte de tonus musculaire
De nombreux évènements peuvent engendrer une dénutrition. La Haute Autorité de la Santé (HAS) a identifié les différentes situations à risque.
- Causes sociales et émotionnelles : isolement social, deuil, maltraitance, difficulté financières…
- Causes physiques : douleur, traumatisme, intervention chirurgicale, problèmes bucco-dentaires, pathologie ORL…
- Causes psychologiques : troubles neurologiques, maladie d’Alzheimer, dépression…
- Dépendances pratiques : dépendance pour l’alimentation ou la mobilité
- Polymédication : médicaments entraînant une sécheresse de la bouche, des troubles digestifs
La perte du sens du goût peut aussi être incriminé. Le potentiel olfactif des personnes âgées de plus de 80 ans ne représente que 20% de celui d’une personne jeune et seulement 10 % après 90 ans. Au delà de la perte de goût, une personne âgée peut aussi souffrir d’hétérogueusie lorsque le goût trouvé n’est pas celui attendu.
Quelles sont les conséquences de la dénutrition des personnes âgées ?
Le risque le plus important est celui d’entrer dans un cercle vicieux.
La personne âgée affaiblie et fragilisée en raison d’une dénutrition même passagère souffrira de fatigue, de vertige et sera susceptible de contracter des infections et pathologies diverses. Elle risque alors de réduire ses interactions sociales, de souffrir de déprime, de réduire son activité physique.. ce qui ne l’incitera pas à s’alimenter correctement.
La dénutrition a pour conséquence un affaiblissement global du corps et un déficit immunitaire. Par exemple, le risque d’infection nosocomiale (contracté à l’hôpital) est beaucoup plus élevé pour les personnes hospitalisées souffrant de dénutrition.
La dénutrition provoque aussi la diminution de la masse musculaire ce qui induit un état de faiblesse physique générale, des troubles de l’équilibre et un risque élevé de chute.
La dénutrition chez les personnes âgées peut également conduire à une carence en vitamines D et en calcium, ce qui provoque une fragilité osseuse et donc de l’ostéoporose.
Quelles solutions pour résoudre cette situation ?
Le premier réflexe est bien sûr de consulter au plus vite un médecin ou professionnel de santé.
En cas de dénutrition modérée, il pourra être recommandé d’augmenter l’apport énergétique des repas en consommant des produits riches en protéines et en fibres. Le médecin traitant peut vous prescrire des compléments nutritionnels oraux.
En cas de dénutrition sévère, le médecin peut prescrire des compléments nutritionnels oraux et il peut décider de passer à la nutrition entérale.
Comment prévenir le risque de dénutrition ?
Les personnes âgées ont des besoins énergétiques similaires à ceux d’un adolescent en pleine croissance. Il est fréquent que leurs repas ne couvrent pas l’ensemble de leurs besoins. La premier des réflexes est donc de s’assurer que les seniors s’alimentent de façon équilibrée.
Vous pouvez retrouver notre guide d’alimentation des personnes âgées pour en savoir plus sur les bonnes pratiques à mettre en oeuvre, notamment les besoins caloriques et en macro et micro nutriments.
Pour éviter les carences en calcium ou en magnésium, consommez des eaux minérales de type Contrex ou Courmayeur.
Afin d’éviter les problèmes de transit, surveillez les apports en fibres présentes dans les légumes et les fruits crus, les légumineuses et le pain complet.
Si nécessaire, augmentez le nombre de collations par jour en privilégiant des plats riches en en protéines avec des œuf, poissons, viandes, quinoa, boulghour…
Comment adapter l’alimentation des personnes âgées ?
IL est possible de mettre en oeuvre des plats à texture modifiée. Ces plats sont adaptés aux personnes âgées qui souffrent de troubles de la déglutition ou de la mastication. Il s’agit d’un repas thérapeutique qui peut être mis en oeuvre par un ergothérapeute notamment. Il existe une multitude de textures modifiées : haché, mixé, semi-lisse, liquide… selon els situations.
L’utilisation de moules nutri-culture (qui reprennent les formes des aliments comme par exemple le poulet, le poisson, les petit-pois ou encore les carottes) permet de donner un apaprence appétissante aux plats ainsi adaptés.
Si une personne âgée à des difficultés à s’alimenter avec des couverts, il est aussi possible de cuisiner des bouchées. Elle pourra ainsi utiliser ses mains et retrouver son autonomie.
Il est aussi possible – en accord avec une diététicien – de mettre en place une alimentation enrichie avec des aliments à haute teneur en protéine comme le lait, les oeufs, de la poudre de protéine par exemple.
Fréquente chez les personnes âgées, la carence en vitamine D a des conséquences sur l’ostéoporose et le risque de fracture. La supplémentation en vitamine D préviendrait aussi le risque de chute. Demandez conseil à votre pharmacien.
Vers qui se tourner à Orléans et dans le Loiret si un de vos proches est victime de dénutrition ?
Le médecin traitant est le premier relais à qui s’adresser en priorité au moindre doute.
Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour venir en aide à une personne âgée dépendante avant que le problème de dénutrition ne se manifeste.
Vous pouvez obtenir l’assistance d’une aide à domicile pour effectuer les tâches du quotidien tels que l’aide au repas, les courses, ou nettoyer la vaisselle…
De même, vous pouvez opter pour une solution de portage de repas équilibrés directement chez la personne âgée.
Vous pouvez obtenir des informations auprès de structures ayant un rôle de mise en place des dispositifs, de coordination et d’information telles que: le CLIC Orléans Val-de-Loire, le CCAS ou l’APA.
A noter également la tenue chaque année de la Semaine nationale de la dénutrition du 12 au 20 novembre 2021 partout en France. Cet événement prévu dans le Plan National Nutrition Santé vise à sensibiliser sur les enjeux, actions préventives et traitements de cette maladie silencieuse.
Durant cette semaine plusieurs animations sont proposées à Orléans et dans le Loiret (voir la carte interactive) avec notamment des réunions de sensibilisation dans les Ehpad, des ateliers de gym prévention santé et des temps de sensibilisation en pharmacie.